lundi 17 novembre 2008

Paris-Province : l'amour vache en 10 points

Qui n'a pas rêvé un beau jour de quitter la fumée nauséabonde des pots d'échappements parisiens pour le fumier à la senteur si "terroir" de nos campagnes jadis désertées ? Certains ont franchi le cap, et sans aller jusqu'à l'élevage de bouquetins au fin fond des Pyrénées-Orientales, il est parfois difficile pour ceux qui sont restés vivre à Paris de comprendre ce choix. Exemples.
1. -Et toi, t'habites où ?(...silence, sourcils froncés, air un peu contrarié) -Où ça tu dis ? -Ah ! (le « Ah ! » est souvent constipé, comme si le parisien avait appris le décès d'un proche).
2. -C'est loin de Paris ? Voire question subsidiaire -C'est à combien de temps en TGV de Paris ?
3. Selon votre réponse à la question 2, votre concitoyen parisien sera soit rassuré ("Ah oui, deux heures de Paris c'est rien, vous pouvez rentrer souvent !"), soit anéanti ("Ha ben dis-donc, c'est pas à côté, hein ?").
4. De l'utilisation du mot « rentrer ». Vous avez sans doute remarqué que vos interlocuteurs parisiens emploient à tout bout de champ le mot « rentrer » pour tout déplacement impliquant une arrivée sur Paris, quelque soit votre point de départ et le lieu réel de votre habitation ou de vos attaches. Ainsi, pour un ami breton qui réside à Rennes, il va de soi pour le proche parisien qu’il « rentre » à Paris quand il vient lui rendre visite. Imaginons l’inverse : imaginez-vous le parisien dire qu’il « rentre » à Ajaccio début juillet pour ses vacances d’été ? Vous souriez, je sais, ça ne manque pas de piquant.

5. Posons le cadre : dîner mondain, invités principalement parisiens, conversations anodines pour rompre la glace…Et soudain la question 1 se pose à vous : vous répondez franchement et gaiement, heureux qu’on s’intéresse à vous - « à Reims » - alors que votre interlocuteur n’espérait sans doute pas franchir la boucle du périphérique en vous posant cette aimable question. Résultat des courses : le fameux « Ah ! » de notre premier point, suivi d’un mépris général de l’assemblée.

6. Le provincial n’a pas les mêmes choses qu’à Paris. Par le mot « choses », j’entends une variété infinie de produits et d’animations, allant de la boutique de jeans troués hype à 350 euros l’unité au dernier spectacle à la mode complet depuis 3 mois, en passant par le restaurant lounge où l’on déguste uniquement des plats à base d’œufs de poules (bio, bien sûr), exclusivement sur réservation 2 semaines à l’avance. Très bien, nous en convenons aisément - et sans grande émotion.

7. Le provincial a d’autres choses qu’à Paris. Une place pour garer sa voiture.

8. Pour le parisien, vous êtes toujours un peu en vacances là où vous êtes, pour vous, le parisien ferait bien de les prendre plus souvent mais pas chez vous, ses vacances.

9. Kit d’urgence de justification du départ en Province à l’usage du néo-provincial acculé par les questions moqueuses de ses ex-amis parisiens, tient en 3 petits mots : Qualité De Vie. Efficacité redoutable prouvée.

10. Vous et votre ami parisien partagez, en fin de compte, la même idée du bonheur : quinze jours de congés payés sous le soleil….à l’étranger.

1 commentaire:

Céline a dit…

Ah oui, et j'ajouterais (expérience vraie réellement vécue dans la réalité) :
- "Ohhhh, mais comment tu vas faire pour travailler à Nantes ???!!!!" ....
(blanc, et bouche bée et regard agacé teinté d'une certaine incompréhension...) ...
- suite (du même interlocuteur, qui visiblement, n'a pas compris qu'il fallait tourner 28 fois sa langue dans sa bouche avant de causer pour de vrai) : "Ben oui... y'a des livres à la bibliothèque de Nantes ???"...
- je vous épargnerai ma réponse, à défaut de passer à jamais pour la pire des méchantes (en version "soft")
Bref ... dans ces cas là, je crois que l'on dit : NO COMMENT !!!!